Bienvenue � Marrakech

Depuis 800 ans comme chaque matin, avec les mêmes inflexions chantantes, l\'appel du muezzin résonne du haut des 70 mètres de la Koutoubia, le phare spirituel de Marrakech. Le soleil se lève sur Marrakech. Une foule bigarrée envahit les rues tortueuses de la médina. Des hommes se pressent vers la mosquée Ben Youssef, accolée à la médersa, l\'un des plus remarquables monuments de Marrakech, gigantesque et superbe école coranique fondée par le sultan mérinide Abou El-Hassan (1331-1349).
Le soleil éclaire le marbre rose des fontaines, envahit peu à peu les cours carrelées, fait miroiter les magnifiques zelliges, réchauffe les couleurs turquoises, vertes, blanches des mosaïques. Il illumine les vestiges du Palais El Badii et parfois, superbe mirage, le visiteur ébloui voit scintiller ces richesses passées, l\'or, le marbre, l\'onyx, troqués contre leur poids en sucre par Ahmed El Mansour (1578-1603) le plus illustre des souverains Saadiens.
Charrettes remplies d\'oranges, de graines grillées, femmes venues de l\'Anti-Atlas pour vendre leurs paniers, conteurs, musiciens, danseurs, écrivains publics devant leur parapluie noir, diseurs de bonne aventure, vendeurs de potions, guérisseurs, apothicaires offrent le spectacle hallucinant d\'une journée comme une autre.
Vous êtes hors du temps. Au souk du cuivre peut-être où, le visage marqué d\'une sage concentration, avec une application ancestrale, les dinandiers martèlent le métal. Ou encore dans le Souk Laghzal consacré aux laines. A El Btana celui des peaux de moutons. Ou bien au souk Zarbia, à la criée, où tapis et caftans se vendent au plus offrant…
Vous êtes ailleurs. Là où les senteurs de safran, cumin, poivre noir, gingembre, verveine, clous de girofle, fleurs d\'oranger ravissent les narines. Où s\'entassent des sacs d\'amandes, cacahuètes, pois chiche, des paniers de dattes, des tonneaux d\'olives et, sur les étagères des apothicaires, s\'alignent pots de henné, de ghassoul, fioles d\'extraits de roses, de jasmin, de menthe, de khôl, morceaux d\'ambre, de musc…
Puis les becs d\'acétylène s\'allument tour à tour. Alors, dans la nuit étoilée, la lune remplit sa vraie vocation : celle d\'être la mille et unième lanterne de la place Djemaa El Fna.